Le film de Thierry Michel et Colette Braeckman, « L’Homme qui répare les femmes », ne sera pas projeté à Kinshasa. Le ministre de la Communication a refusé l’autorisation car l'oeuvre contiendrait, selon lui, des attaques « injustifiées » envers l’armée.
Le long-métrage de Thierry Michel et Colette Braeckman sur le chirurgien Denis Mukwege, « L’Homme qui répare les femmes », a été interdit de projection dans la capitale congolaise. Le film, qui met en lumière le drame des viols dans l’est du pays, devait initialement être présenté à l’Institut français, mardi 8 et mercredi 9 septembre, mais le ministre de la Communication, Lambert Mende a refusé l’autorisation de projection.
Le ministre, joint par Jeune Afrique, estime que certains passages étaient « inacceptables » à l’encontre de l’armée congolaise. « Nous connaissons des soldats qui sont morts dans les combats, nous ne pouvons pas accepter qu’ils soient accusés de viols », explique-t-il.
« Je ne fais aucune accusation », répond Thierry Michel, contacté par Jeune Afrique. « Ce sont des rapports de l’ONU qui parlent pas viols et ce sont des témoins que nous faisons parler dans le film », explique-t-il. « Lambert ne peut quand même pas nier qu’il y a des procès, dont nous diffusons d’ailleurs des images, qui sont en cours en RDC », déplore encore le réalisateur. Et de conclure : « Ce film a connu un gros succès à l’international et va être projeté à Washington, New York ou Paris, mais les Congolais, dont certains ont participé au tournage, ne pourront pas le voir. C’est pitoyable. »
« Il gêne tout le monde »
Ce n’est pas le premier film de Thierry Michel à être interdit en RDC. « L’Affaire Chebeya, un crime d’État ? » avait déjà valu à son réalisateur une arrestation, une expulsion, une interdiction du film et un procès en Belgique en 2012. Toutefois, Thierry Michel louait encore il y a peu la liberté avec laquelle il avait pu travailler, en collaboration avec Colette Braeckman, sur son dernier long-métrage.
Le docteur Mukwege, reconnu internationalement, n’en est également pas à ses premiers déboires avec les autorités congolaises, notamment en ce qui concerne la gestion de sa clinique de Panzi, à Bukavu. Le gynécologue congolais, qui dénonce sans relâche depuis 20 ans les viols et les mutilations dont sont victimes les femmes à l’est de la RDC, est devenu au fil des années de plus en plus engagé et de plus en plus critique à l’égard du pouvoir en place. Au point que certains commencent à se méfier de prétendues ambitions politiques.
« Il gêne tout le monde. Il gêne tous les groupes rebelles de quelque obédience qu’ils soient. Il gêne même les autorités de son pays », disait de lui Thierry Michel sur les ondes de la RTBF en mars 2015. Et de conclure : « Je crois qu’elles trouvent qu’il ne donne pas une bonne image du pays. Mais il donne une image réelle ».
Mathieu Olivier Source: Jeune Afrique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire