mardi 30 mai 2017

RDC : l’UE sanctionne neuf responsables congolais, dont Lambert Mende, Évariste Boshab et Ramazani Shadari


Lambert Mende Omalanga, ministre de la communication et des médias et porte-parole du gouvernement de la République démocratique du Congo, s'adresse à la presse à la suite de violentes manifestations de l'opposition à Kinshasa le 19 septembre 2016. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

L'Union européenne a décidé lundi 29 mai d'infliger des sanctions individuelles à neuf responsables de l'appareil sécuritaire de République démocratique du Congo, dont trois ministres ou anciens ministres du régime Kabila, pour de "graves violations des droits de l'Homme".
Neuf hauts responsables congolais sont désormais interdits de voyage dans l’Union européenne, et leurs avoirs y ont été gelés. Ces sanctions ont été prises lundi 29 mai par le Conseil Européen « en réponse aux entraves au processus électoral et aux violations des droits de l’homme qui y étaient liées ». C’est l’appareil sécuritaire congolais qui est visé à travers cette décision.
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Parmi les responsables sanctionnés figurent le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, actuellement en Chine, Kalev Mutondo, directeur de l’Agence nationale du renseignement (ANR), Ramazani Shadari, vice-Premier ministre et ministre de l’intérieur et de la sécurité, Jean-Claude Kazembe Musonda, ancien gouverneur du Haut-Katanga, Alex Kande Mupompa, Gouverneur du Kasaï central, Évariste Boshab, ancien vice-Premier ministre et ministre de l’intérieur et de la sécurité, Gédéon Kyungu Mutanga ancien chef de milices et deux commandants de brigades, Muhindo Akili Mundos, commandant de la 31e brigade des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo), et Éric Ruhorimbere, général de brigade.
L’UE cherche à déstabiliser la RDC, comme la Libye ou l’Irak
Ces noms viennent grossir la liste de sept personnes déjà soumises aux même sanctions depuis décembre 2016 parmi lesquelles on trouvait Célestin Kanyama, commissaire de la police nationale congolaise ou encore le commandant de la garde républicaine, Ilunga Kampete. Suite à cette première liste, le gouvernement congolais avait qualifié « d’illégales» les sanctions. Aujourd’hui, s’il n’a pas encore réagi officiellement, un responsable proche des autorités accuse l’UE de chercher à « déstabiliser la RDC, comme la Libye ou l’Irak », rapporte l’AFP.
Les sanctions interviennent au moment où l’UE reste « gravement préoccupée par la détérioration de la situation en RDC » et que la « crise dans le Kasaï a atteint une ampleur exceptionnelle sur le plan à la fois sécuritaire, humanitaire et des droits de l’Homme », selon le communiqué publié à Bruxelles.
Depuis septembre 2016, la région du Kasaï (centre du pays) est secouée par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août lors d’une opération militaire après s’être révolté contre les autorités de Kinshasa. Selon l’ONU, ces violences ont fait plus de 400 morts et causé le déplacement de 1,27 million de personnes.

Source: Jeune Afrique. 29 mai 2017 à 20h16

lundi 29 mai 2017

RDC : Clément Kanku contre-attaque

RDC : Clément Kanku contre-attaque

« Nous préparons une plainte contre l’article du New York Times » publié le 20 mai dernier et accusant le député congolais Clément Kanku d’être derrière les violences au Kasaï, a indiqué lundi 29 mai à La Libre Afrique.be Me Dieudonné Tshibuabua Mbuyi, avocat aux barreaux de Bruxelles, Kinshasa et Kananga (Kasaï central) et membre du collectif de défense de l’élu.

« La conversation entre M. Clément Kanku et un de ses correspondants au Kasaï », qui sert de base à  l’enquête annoncée par le Procureur général de la République le 23 mai, « a été tronquée », affirme l’avocat. Et Me Tshibuabua d’insister: « M. Kanku était l’élu de Dibaya. Il n’avait aucun intérêt à mettre le feu chez lui. On veut lui faire porter le chapeau mais cela ne tient pas debout ».
Clément Kanku, souligne l’avocat, veut une enquête internationale sur les événements du Kasaï et sur l’assassinat des deux experts de l’Onu qui y enquêtaient sur les massacres commis par les paysans insurgés et par les militaires et policiers chargés de la répression de ceux-ci. « Nous ne sommes pas dans le rôle de l’accusateur. Nous voulons simplement la vérité », ajoute Me Tshibuabua.
Il avait alerté en vain
L’enregistrement qui sert de base à l’accusation, dont la source n’a pas été officiellement citée, émanerait des services de renseignement congolais, qui avaient placé M. Kanku sur écoute, « ce que celui-ci savait », indique Me Tshibuabua. « M. Kanku avait alerté les autorités à plusieurs reprises sur le fait qu’un conflit dans sa circonscription était en train de dégénérer. Il recevait des appels téléphoniques réguliers des gens de chez lui qui le tenaient au courant de ce qui se passait. Jusqu’au début août 2016, il n’y a jamais eu de réaction ».
Selon l’avocat, c’est vers le 8 août qu’une délégation de députés nationaux originaires du Kasaï est descendue à Kananga – capitale de la province affectée, le Kasaï central – « en raison d’une mission de bons offices de Monsieur Kanku » pour tenter de ramener la paix dans ce conflit local. Ce dernier est né du refus des autorités congolaises de reconnaître, depuis 2012, à Jean-Pierre Pandi, son statut de chef coutumier (« Kamwina Nsapu ») alors qu’il a été choisi selon la tradition pour succéder à son oncle Anaclet, Kamwina Nsapu décédé.
La dernière conversation de Kamwina Nsapu
Lors de la visite de cette délégation de parlementaires, une conversation en tshiluba, accessible sur le net et abondamment commentée par les Kasaïens (à écouter ci-dessous), est entamée par téléphone entre les députés nationaux présents à Kananga et Kamwina Nsapu/Jean-Pierre Pandi, resté dans son village, pour tenter de trouver une solution au conflit. Selon la traduction que nous avons pu obtenir, on y entend le chef coutumier discuter d’abord avec le député Me Kamukuny, puis avec le député Kapongo.
Ils l’invitent l’un après l’autre à les rejoindre à Kananga pour leur faire connaître ses revendications. Kamwina Nsapu déclare: « Je fais tout pour rencontrer Boshab » – alors ministre de l’Intérieur et visé par les sanctions européennes annoncées ce 29 mai pour son rôle dans la crise kasaïenne – mais sans succès. « Anaclet » (Kamwina Nsapu précédent) « est décédé et Boshab sait pourquoi ». Ce dernier a exigé la reddition de Kamwina Nsapu avant 17h, ce que le chef coutumier refuse: « Je ne reçois pas ses ordres. Je suis prêt à mourir. Comme Boshab veut se glorifier de la mort d’Anaclet, il se glorifiera aussi de m’avoir tué. Je ne m’occupe pas de politique, qu’il me laisse tranquille. Je ne fais rien de louche, qu’il me laisse tranquille ». Kamwina Nsapu « refuse la proposition »  – non précisée – des autorités. Et invite les députés à venir plutôt le voir dans son village.
Apparemment, c’est impossible en raison de barrages. Kamwina Nsapu assure que ce n’est pas le fait de ses hommes, mais de militaires et que des militaires ne peuvent empêcher des députés de passer. Il finit par accepter d’aller à Kananga si des casques bleus de la Monusco (Mission de l’Onu au Congo) viennent le chercher car « il n’a pas confiance dans les autorités »; « je ne suis pas un enfant pour venir me livrer ». Les députés acceptent et annoncent qu’ils le rappelleront « dans 15 minutes ». Fin de l’enregistrement.
La Monusco n’est jamais allée chercher le chef coutumier, qui a été tué par des militaires venus le capturer. Depuis lors, les cinq provinces du Kasaï sont touchées par les troubles et 1,4 million de personnes sont déplacées – alors que les hommes de Kamwina Nsapu, de pauvres paysans en révolte, n’ont pas les moyens de se rendre dans tous les lieux où des méfaits leur sont attribués.
Source: LaLibre.be
Source: Marie-France Cros