mercredi 2 mai 2012

Sculpture : Me Liyolo rend hommage aux mamans maraîchères.



Depuis le 27 avril, un monument de cinq mètres se dresse à la place « triangle » au croisement des avenues By-pass et de la route de Kimwenza. La tête de femme surplombée d'une bouteille d'eau qui trône désormais au « triangle » attire la curiosité et force l'admiration des passants. L'œuvre qui, à dater du 27 avril, participe au prestige de la ville est inscrite dans son patrimoine artistique. Me Alfred Liyolo Limbe a ainsi, à sa manière, engagé un véritable plaidoyer en faveur des femmes maraîchères du pays et plus particulièrement de la commune urbano-rurale de Mont Ngafula où il réside. Il l'a du reste précisé à l'assistance du jour : « Pour un artiste, l'œuvre d'art s'avère être le meilleur résumé de tous les discours qu'il peut développer autour d'un thème donné. »

Il a expliqué que la bouteille posée sur la tête symbolise une réalité. « La recherche de l'eau pour l'arrosage du champ est un exercice quotidien pour les mamans maraîchères. C'est dire que la problématique d'une modernisation de leurs conditions de travail est à considérer », a souligné l'artiste. Ainsi, dans son entendement, « Hommage aux mamans maraîchères est une marque d'attention et de reconnaissance à la femme africaine. C'est un cri du cœur en faveur de la mère qui, en dehors du lait maternel, continue à se soucier du vécu quotidien de ses enfants, à les nourrir ».

En effet, il dit avoir été « marqué » par elles au point de vouloir « sensibiliser la société à la vie des mamans maraîchères ». Sur les caractéristiques de l'œuvre, le sculpteur a opté pour « le semi-réalisme », ce style qui a été rendu par un « modelage en argile » suivi d'un « coulage en quartz » et d'une « patine en doré » d'où la brillance remarquable de l'œuvre qui est ainsi loin de passer inaperçue.

Les allocutions du bourgmestre de Mont Ngafula, Olivier Saya Mandjia, et du gouverneur de la ville, André Kimbuta Yango, à l'inauguration, ont témoigné de la considération de chacune des autorités pour les femmes maraîchères. Elles ont partagé la pensée du sculpteur et convenu avec lui que les conditions de travail précaires de ces « nourricières » méritent amélioration. Olivier Saya Mandjia est allé jusqu'à évoquer la spoliation des sites de cultures maraîchères, une autre difficulté à laquelle elles doivent également faire face.



« Sept millions de personnes meurent de faim en RDC »

Porte-parole des mamans maraîchères, Carine Bapita-Buyangandu a présenté la situation alimentaire de la RDC comme étant fort préoccupante. Elle a évoqué pour cela les statistiques établies par l'OMS et l'Unicef. Celles-ci démontrent que « sept millions de personnes y meurent de faim. Que les deux tiers de la population n'ont pas accès à la ration journalière recommandée. La plupart des familles congolaises n'ont qu'un seul repas par jour ». Elle a poursuivi que « face à cette insécurité alimentaire, le maraîchage a connu un essor considérable sauvant de nombreuses vies humaines ».

Carine Bapita-Buyangandu s'est dite désolée du fait que même si leur apport  atténue l'insécurité alimentaire, « les cultures maraîchères ne sont pas prises en compte par la politique agricole du pays ». Elle en a donc appelé à une reconsidération de la question et demandé au « gouvernement congolais de porter un nouveau regard sur la femme maraîchère. Se doter d'une politique agricole capable d'organiser le secteur et son circuit de commercialisation ». Carine Bapita-Buyangandu a de même proposé le renforcement des capacités à travers des formations de sorte que le maraîchage soit à son niveau inclus dans le processus de la révolution de la modernité, de manière à faire participer le secteur au développement de l'économie.



La cérémonie inaugurale achevée, le gouverneur et autres autorités présentes ont fait le déplacement jusqu'à la résidence de Me  Alfred Liyolo. Sur les lieux, le sculpteur leur a servi de guide, le moment de visiter ses « Ateliers Bronze passion ». Une opportunité offerte à ses nombreux hôtes du jour d'en savoir un peu plus sur lui et ses réalisations. Il est, en effet, un sculpteur de grand talent dont la renommée  a traversé pays et continents au point d'être connu et apprécié jusqu'au Japon.

Nioni Masela

Photo : André Kimbuta adressant des remerciements à Me Alfred Liyolo

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