Une nouvelle journée de contestation anti-Kabila est annoncée dimanche 21 janvier, alors que l’Union européenne pourrait prendre une résolution d’urgence prochainement sur le Congo.
La pression va rapidement monter pour le président Joseph Kabila, hors mandat depuis le 19 décembre 2016 et incapable d’organiser les élections avec fin 2018. La rue, mais aussi la communauté internationale vont remettre le couvert pour tenter de contraindre le président congolais à organiser les élections et à ne pas briguer de nouveau mandat comme l’exige la Constitution. Le collectif soutenu par l’Eglise catholique, qui avait déjà organisé la marche du 31 décembre 2017, lourdement réprimée par la police, a décidé de ne rien lâcher et relance une nouvelle journée de mobilisation dimanche 21 janvier. A l’issu des messes dominicales, le Comité laïc de coordination appelle les Congolais à sortir « main dans la main, comme d’habitude (et) marcher pacifiquement avec nos rameaux de paix, nos bibles, nos chapelets, nos crucifix pour sauver le Congo ».
Les revendications du Comité, relayées par l’ensemble de l’opposition politique, sont claires : libération des prisonniers politiques, retour des opposants en exil, restructuration de la Commission électorale (CENI) et la confirmation que Joseph Kabila ne briguera pas de nouveau mandat. Le succès de la mobilisation du 31 décembre, malgré la répression qui a fait 6 morts, a suscité un nouvel espoir pour les opposants au président Kabila. « Loin de nous intimider, le pouvoir a renforcé notre détermination et notre volonté de jouir de notre droit constitutionnel de manifester publiquement », « nous irons jusqu’au bout » ont prévenu les membres du Comité laïc de coordination.
Ligne rouge
Plus rien ne semble faire peur aux Congolais, qui ont assisté en nombre à la messe d’hommage aux victimes du 31 décembre, à la cathédrale de Kinshasa. La messe présidée par le très charismatique cardinale Laurent Monsengwo s’est rapidement transformée en rassemblement pour l’alternance politique en République démocratique du Congo (RDC). A la fin de l’office, la foule a été dispersée par la police devant la cathédrale, faisant deux blessés légers, selon les autorités congolaises.
Le cycle de la contestation-répression semble bel et bien enclenché au Congo. En faisant intervenir la police à l’intérieur même des églises – voir notre article -, Joseph Kabila a sans doute franchi une ligne rouge que beaucoup de Congolais, majoritairement catholiques, croyaient infranchissable. Les autorités ont d’ailleurs hésité un long moment pour justifier les tirs de gaz lacrymogènes dans les lieux de culte avant de désavouer leurs propres forces de sécurité et de parler de « bavures ». Reste donc à savoir quelle sera l’attitude des forces de sécurité lors de la prochaine mobilisation du 21 janvier ? Joseph Kabila jouera-t-il l’apaisement… ou la fuite en avant ?
Nouvelles sanctions ?
En plus d’une nouvelle mobilisation populaire, le président congolais devra également affronter la pression internationale. Cette fois, c’est la Belgique qui prend les devants, en privant le Congo d’une aide financière de 25 millions d’euros. Un coup dur pour l’exécutif congolais, puisque cette décision marque le début d’un isolement diplomatique que réclame l’opposition congolaise après le nouveau report des élections fin 2018.
Mais Kinshasa doit davantage redouter les prochaines mesures de l’Union européenne (UE) promises par les eurodéputés (S&D) Cécile Kyenge, Marie Arena et Gianni Pittella, qui préparent « une résolution d’urgence avec débat en session plénière ». Après un communiqué de l’UE jugé très modéré au vue de la violente répression du 31 décembre, certains politiques prônent le renforcement des sanctions ciblées à l’encontre de personnalités congolaises politiques ou sécuritaires. Une accélération des sanctions que réclament également l’opposition congolaise et les ONG des droits de l’homme.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia