Parler de la biographie de Feu Augustin Dokolo Sanu n’est pas chose aisée. Très peu de gens connaissent les détails de sa vie privée. En effet, il est plus connu pour ses œuvres et ses nombreuses réalisations.
Augustin Dokolo était avant tout un self made man à l’énergie débordante, un passionné de l’Afrique et des arts.
Récemment interviewé sur Radio France Internationale Manu Dibango raconte que sa carrière a commencé à Léopoldville, non pas avec le musicien Kabasele, mais avec un jeune banquier du nom d’Augustin Dokolo. Avant l’indépendance, il possède déjà une compagnie de taxis et un Dancing réputé. Très attiré par le milieu artistique, il participe au film Les Aventuriers du Kasaï d’Yves Allégret avec Jean Lefebvre et Nicole Courcel qui est présenté au Festival de Cannes 1962. Peu de temps après il développe une chaîne de magasin avec des ramifications à l’étranger.
En 1967 il fait la rencontre de Hanne Dokolo qui deviendra sa femme. Elle travaille en tant que gérante du dispensaire de la pharmacie pour la Croix Rouge Danoise. De cette union naîssent trois enfants : Manzanza, Sindika et Luzolo.
En 1969, Augustin Dokolo entreprend ce qui restera sa réalisation la plus ambitieuse : la création de la Banque de Kinshasa (BK). C’est la première banque à capitaux nationaux en Afrique subsaharienne. Avec un capital initial de 300.000 Zaïres, l’équivalent de 600.000 dollars, qui a atteint 10.474.875 Zaïres en 1983.
Pendant plus de seize années, cette entreprise à réussi à évoluer au gré des contraintes économiques de son temps. En 1974, la Banque de Kinshasa est victime des mesures de radicalisation. Mais l’Etat congolais se ravise et restitue la Banque en 1976 en reconnaissant à M. Dokolo Sanu tous ses droits sur ladite banque. La BK emploie plus de 1.500 personnes dans le pays en 1984. Grâce à un réseau d’une vingtaine d’agences réparties à travers le pays, elle permet de favoriser le développement économique dans un contexte difficile.
Persuadé que les Congolais doivent prendre en main leur destin eux-même et parvenir à s’affranchir de l’aide occidental, il applique ses propres préceptes et cré de nombreuses sociétés. Ces dernières interviennent dans des domaines aussi variés que l’agriculture et l’élevage, la pêche, l’exportation de café, l’immobilier, la distribution de biens de consommation, le transport de marchandise, l’imprimerie, les assurances, les mines, la distribution de véhicules… Au total 17 sociétés.
Cet esprit d’entreprise lui permet de devenir le 2ème. exportateur de café du pays. Il construit une ferme situé à 130 km de Kinshasa qui compte 50.000 têtes de bétail élevés en "free ranging", et une autre avec 5.000 porcs et une charcuterie moderne. Ceci devient vite ce que l’on appelle "L'Empire Dokolo" qui emploie plus de 10.000 chefs de famille à travers le pays.
Malgré de nombreuses sollicitations, il n’aura jamais accepté de poste gouvernemental, préférant se consacrer à ses activités de chef d’entreprise.
En 1985, la banque doit faire face à un accroissement important de ses dettes vis à vis de la Banque Centrale. Ledit découvert est principalement constitué des intérêts débiteurs, des intérêts sur intérêts ainsi que des pénalités faramineuses que la Banque Centrale percoit chaque mois.
M. Dokolo est donc contraint de céder de nombreux biens immobiliers afin de couvrir les dettes de ses sociétés envers la BK, puis d’apurer les dettes de la BK envers la Banque Centrale.
A la surprise générale, la Banque de Kinshasa est placée sous gestion administrative le 17 février 1986. Les immeubles cédés en vue de la couverture des dettes sont extournés. La BK n’est pas restituée à ses actionnaires à la fin de la période légale de mise sous gestion administrative, elle est nationalisée et l’intégralité de son patrimoine est transféré à la Nouvelle Banque de Kinshasa. Toutes les sociétés de M. Dokolo Sanu seront cédées à l’UNTZa, par simple lettre du Directeur de cabinet du Président Mobutu.
M. Dokolo Sanu ne se sera jamais remis de cette spoliation organisée. Il tombe malade peu de temps après et décéde à Paris le 12 avril 2001.
Malgré ce destin tragique, la famille Dokolo est restée unie et soudée.
Hanne Dokolo est nommée en 2005 consul général honoraire de Norvège.
source : dokolo.com