lundi 31 août 2015

Dans la chanson "Lola mwana" : Dindo Yogo traduit les préceptes d’un père au fils aîné.




Dans la chanson intitulée : « Lola Mwana », l’auteur, Théo Dindo Yogo fait parler un père s’adressant à son fils aîné. De tout temps, en effet, le discours est le même : « écoute bien mes préceptes… », « Ne fuis pas l’école car un trésor est caché derrière : ton avenir dont tu déblaies le chemin aujourd’hui… », « Donne à mes conseils une interprétation correcte, pour que jamais tu ne te perdes dans la vie… ». La chanson remonte au début de la deuxième moitié de la décennie soixante-dix. Depuis, celui que les fans appelaient « la voix cassée », a évolué dans plus d’un groupe musical local ayant pignon-sur-rue, dont notamment Viva La Musica, Langa Langa stars des sept (7) patrons, Zaïko Langa Langa Nkolo Mboka, avant d’atterrir, début quatre-vingt-dix, en indépendant sous le label de « Ngwak’aye ». Pendant tout ce parcours, Dindo Yogo a pris l’option de compositeur moralisateur dans ses œuvres. C’est le cas, à cet effet, de « Mokili e changer » (pour dire : le monde change), « Gloria »…  Et gardant cette réputation, jusqu’à ce qu’il arrête de vivre en avril 2001.

Dindo Yongo à l’école de Jean De la Fontaine

Le monde, disait en son temps Jean de la Fontaine, est plein de gens qui ne sont pas plus sages. Tel se livre au libertinage et à des égarements, quand surviennent des conséquences plausibles, l’on fait volteface  et accuse des proches. En effet, quelque trois siècles se sont écoulés entre l’auteur sus-évoqué des « Fables légendaires » et feu le chanteur congolais Théo Dindo Yogo, auteur de plus d’un titre dont « Ndoki se yo moko » (de lingala : L’ensorceleur, c’est toi-même).
Pourtant, l’un et l’autre ont usé des tournures et des mots qui interpellent par deux fois, pour dépeindre le comportement irresponsable de leurs congénères. C’est dans le même ordre d’idées que le penseur français Jean-Paul Sartre a constaté : « L’enfer, c’est autrui », a-t-il polémiqué en son temps. Récemment, un acteur de séries télévisées a estimé : « Il n’y a rien de plus louable que d’avoir la capacité de reconnaître ses propres erreurs », a-t-il dit.
Il a utilement puisé dans la sagesse africaine pour éduquer, a recouru à des exemples accrochant. C’est alors qu’il appelait à l’élévation son interlocuteur, l’encourageant à regarder la réalité en face. « Olingi bisimba simba keba y’okosimba moto, obengi famille ndoki, ndoki se yo moko ». (Traduire : A vouloir tout toucher et partout, gare que tu ne te saisisses du feu, et que tu n’accuses faussement ta famille de sorcellerie. Or l’ensorceleur, c’est toi-même).

Texte de la chanson « Lola Mwana »

Lola e, Lola, Lola e Lola aa, Lola nakoyebisa, landa nzela na kopesa : sala kelasi mwana y’okoma moto Lola. (2x) Lola yoka ndimbola, ya ndoto na nga papa a, Lola maniola Lola e e, Lola. Lola e, Lola aa Natuna papa Edino, Lola e, Lola a natuna Moke Iba o, Lola e, Lola aa natuna Kalaï Ley, Lola e, Lola a o o Lola mwana, oo Lola a mbomanu, natuna chérie Falanga, natuna Moki Tango, natuna Badjoko Baba e, Lola e, Lola a.
Etumba na ngwaka, oo Lola e, etumba na ngwaka o o Lola e (6x)
Traduction

Lola e, Lola, Lola e Lola aa, Lola je t’avertis, suis bien mes préceptes de père : va à l’école sans relâche, pour préparer ton avenir (2x)
Lola, intériorise bien les interprétations que papa donne à ses songes, écoute et médite bien, Lola, Lola e e, Lola. Lola e, Lola aa, je demande papa Edino, Lola e, Lola a, je demande Moke Iba, Lola e, Lola a, je demande Kalaï Ley, Lola e, Lola a, o o Lola fils, oo Lola a mbomanu, je demande chérie Falanga, je demande Moki Tango, je demande Badjoko Baba, Lola e, Lola a. Assaut au ngwaka, oo Lola e, assaut au ngwaka o o Lola e (6x)


Payne
Kinshasa, 21/08/2015 (L'Avenir, via mediacongo.net)

 

RD Congo : les milliards de Gbadolite.

Dans les somptueux palaces du maréchal Mobutu, au Congo, on dépensait sans compter. Une aubaine pour les intendants. Suite de notre série sur les secrets des palais présidentiels en Afrique.
Quelques années après s’être installé à Gbadolite, dans le palais éléphantesque érigé sur 15 000 m2 par l’architecte Olivier-Clément Cacoub, Mobutu Sese Seko est saisi de remords : « J’ai vu un peu trop grand. Je préfère vivre à côté, au palais de Kawele. » Le maréchal avait fait construire cette demeure privée, « plus intime », disait-il, par le Sénégalais Pierre Goudiaby Atepa sur une petite colline à une dizaine de kilomètres de Gbadolite – village de sa région natale transformé en ville par le maître de Kinshasa, avec son aéroport international et ses larges routes goudronnées.

Si Kawele se voulait moins tape-à-l’œil que le palais de Cacoub, son fonctionnement coûtait des sommes folles au pays.

Pour autant, si Kawele se voulait moins tape-à-l’œil que le palais de Cacoub, son fonctionnement coûtait des sommes folles au pays : pas moins de 150 millions de dollars par an. En examinant ses comptes afin de rendre service à son beau-père (qu’il appelait papa sur ordre de ce dernier) – contre une rémunération équivalant à 10 % du budget, tout de même -, Pierre Janssen, un industriel belge, relève que tout est facturé deux, trois ou quatre fois le prix réel. C’était notamment le cas du champagne rosé Laurent-Perrier, la boisson préférée du « Léopard », dont dix mille à douze mille bouteilles étaient bues chaque année par la présidence. En réalité, Mobutu ne signait aucun chèque et se désintéressait totalement de l’argent, pour le plus grand bonheur de ses intendants.


Mêmes dépenses somptuaires pour le mariage de sa fille Yaki avec Janssen, le 4 juillet 1992. Parmi les 2 500 invités, ceux du Belge, environ 150, venus des quatre coins de la planète à bord de trois avions présidentiels, ont eu un cadeau surprenant à leur arrivée à l’hôtel : dans chacune des chambres, le maréchal avait fait livrer une boîte remplie de zaïres, la monnaie locale de l’époque. Un milliard de zaïres par invité exactement.
En fait, le zaïre ne valait rien, et cette somme correspondait, au mieux, au prix d’une cartouche de Marlboro.
 Source: Jeune Afrique

« Ouestafs », « Zaïrois » et « petits Maures », les migrants qui fournissent l’énergie, où qu’ils aillent.

Dans son édition du 30 août, en vente en kiosques, Jeune Afrique pose une question taboue, que certains d'entre vous jugeront sans doute provocante : les Gabonais sont-ils racistes ? La réponse est, on le verra, à la fois nuancée et inquiétante.
S’il n’a jamais été particulièrement commode d’être un étranger africain au Gabon, l’identité de ceux qui jouent avec l’étincelle de la xénophobie a changé de camp. À l’époque du « Gabon d’abord » de Bongo père, c’était le pouvoir. Aujourd’hui, c’est toute une partie de l’opposition à son fils qui propage allègrement le poison de la « gabonité », sur fond de recul de l’État providence. Journaux et internet se transforment d’autant plus aisément en vecteurs du virus que rien n’est plus propice à ce type d’infection que les périodes préélectorales.
De l’autre côté de l’Atlantique
De l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis, un candidat a saisi tout l’intérêt qu’il y avait à franchir le mur du son de l’intolérance primaire. Le programme du milliardaire démagogue Donald Trump, qui surfe en tête des prétendants républicains à la Maison Blanche, tient en quelques mots que ne renieraient pas les chantres de « la race gabonaise » (sic) : « Ils doivent s’en aller. »
Ils : les immigrés, en particulier les Mexicains, contre lesquels ce populiste compulsif s’engage à ériger un mur frontalier géant, comme celui qui dans le blockbuster Game of Thrones protège la civilisation de la barbarie. L’homme qui jure tout haut « jamais un Noir ne comptera mon argent », préférant réserver cette tâche exaltante aux « petits hommes portant la kippa tous les jours », ignore manifestement tout de l’histoire de son propre pays. Les États-Unis, comme chacun le sait, se sont construits avec les vagues successives d’une immigration qui ne fut pas qu’européenne. Pour leur plus grand profit.
Le mal du siècle
Ce mal-là est un mal du siècle. Il sévit partout au Gabon et en Amérique, en Afrique du Sud et au Congo, en Angola et en Russie, en Israël et au Qatar. Il frappe au cœur d’une Europe confrontée depuis des mois à l’assaut des demandeurs d’asile. Hebdomadaire réputé de l’establishment financier, The Economist a eu cette semaine le courage passablement iconoclaste de prôner ce qu’il estime être la seule solution viable à ce brusque afflux de migrants : « Laissez-les entrer, laissez-les travailler, laissez-les gagner leur vie. »
Dans une Europe endettée, où la population active vieillit et diminue, l’apport de ces êtres jeunes, arabes et africains, sera demain essentiel pour la productivité de l’économie et l’absorption des charges héritées de la génération précédente. Toutes les études le démontrent : les migrants sont en général plus travailleurs, dynamiques et créatifs que les autochtones, ainsi que des contributeurs nets au Trésor public. On ne traverse pas les tempêtes et les déserts au péril de sa vie pour venir se vautrer dans l’assistanat. L’énergie du désespoir qui anime ces damnés de la mer est aussi une énergie fertile et rentable pour la richesse nationale des pays où il leur est permis de s’établir. Le Vieux Monde a besoin de leur vitalité.
Le rejet est toxique
Et l’Afrique ? L’Afrique aussi. Il suffit de parcourir des capitales comme Libreville, Malabo, Brazzaville, Luanda pour s’apercevoir combien la rente pétrolière a eu sur les capacités productrices des nationaux l’effet d’un anesthésiant. Et combien le tissu de l’économie informelle est devenu dépendant des « Ouestafs », des « Zaïrois », des « petits Maures » ou des « Camerunés ».
Ces derniers ne volent pas le gagne-pain des locaux, ils remplissent le vide et les jobs dont ceux-là ne veulent plus ou qu’ils ne sont plus en mesure d’accomplir, parfois jusqu’au sein même de la haute administration. Les ériger en boucs émissaires est, ici comme ailleurs, une recette toxique qui a fait ses preuves, surtout lorsqu’une élection est en vue. Elle est aussi le plus sûr chemin vers la faillite, tant économique que morale.
J.A.

 Source : Jeune Afrique.

vendredi 28 août 2015

Les obsèques à Kinshasa : un casse-tête et une belle occasion de « pleurer-rire »


C’est le premier réflexe de l’espèce humaine. Pour ma part, en voyant comment les choses se passent ici, sans doute ailleurs aussi, je préfère utiliser l’expression pleurer-rire. Et je l’emprunte à l’écrivain, homme politique et diplomate congolais de Brazzaville Henri Lopes, qui, comme beaucoup ne le savent peut-être pas, est né à… Kinshasa.
Les décès sont devenus des casse-têtes
Jadis, ici, la disparition d’un proche était vécue comme un drame, une tragédie, une douleur éternelle. Aujourd’hui, c’est plutôt un casse-tête… kinois pour les miséreux et une démonstration de puissance financière pour les nantis. Lorsqu’un nécessiteux trépasse dans un hôpital, sa famille déprime. Le faire soigner était déjà un grand exploit. À présent, comment faire sortir sa dépouille de la morgue où elle est prise en otage ?
Deuxième problème : comment donner à manger et à boire à tous ceux qui, ayant appris le décès par la voie des ondes, affluent tous les soirs les mains vides, en signe de compassion ? La vérité est pourtant simple : la plupart de ceux qui viennent ne connaissent le trépassé ni de près ni de loin. Ils consacrent l’essentiel de leur temps à écouter les communiqués nécrologiques pour repérer les endroits où ils peuvent aller manger, boire et dormir sans rien débourser pendant une semaine au moins.
Pour eux, il n’y a pas de honte à être pique-assiette quelles que soient les circonstances : on va à un deuil sans invitation. Et la famille démunie du mort ? Il lui reste une chance : demander de l’aide aux professionnels, autrement dit aux Congolais expatriés, qui, le temps de remplir une fiche, peuvent effectuer un transfert d’argent. Mais tout le monde n’a pas de professionnels à l’étranger. L’affaire se corse !
Les nantis mieux lotis
Les nantis, pour leur part, n’ont pas de souci à se faire. En plus de leurs dents longues, leurs moyens et relations sont kilométriques. Des enveloppes pleines de billets de dollars neufs leur tombent dessus comme une pluie diluvienne. En un clin d’œil, ils reçoivent de quoi nourrir des milliers de démunis pendant des mois. Une partie de cette manne servira à louer une salle digne de leur rang. Le corps du défunt y sera exposé quarante-huit heures durant, ou plus, avant de prendre le chemin du cimetière.
Quant aux éternels fauchés, ils pourront, si la cotisation a été fructueuse, louer un tout petit espace dans la cour d’une mairie. Leurs morts vont cohabiter. Lorsque les uns seront en train de pleurer, les autres seront subjugués par le prêche d’un prophète autoproclamé ou en train de rire sans aucune retenue. Mais les resquilleurs qui suivent attentivement les communiqués nécrologiques à la radiotélévision trouvent leur compte partout, chez les nantis comme chez les pauvres.
Le coût des obsèques ? Au minimum 8 000 dollars dans l’un des cimetières les plus huppés de Kinshasa. Il est divisé en zones portant chacune le nom d’une commune de la capitale, de la plus chic à la plus misérable. Et c’est cela qui conditionne le choix des familles. L’un des cimetières offrait un cocktail digne de son rang après les obsèques. Jusqu’à ce que le personnel se rende compte que les mêmes individus assistaient à plusieurs obsèques par jour, avant d’aller au cocktail. La mort peut faire aussi le bonheur de tous les ventres creux.

jeudi 27 août 2015

L’argent des Africains : Gloria, infirmière dans un centre hospitalier en RDC – 198 euros par mois.

Malgré une dizaine d’années d’expérience, Gloria, infirmière dans un centre hospitalier de Kinshasa, capitale de la RDC, gagne mensuellement moins de 200 euros. Cinquième volet de notre série sur l’argent des Africains. Comment ils le gagnent ? Comment ils le dépensent ? Vous saurez tout.
Un infirmier s’est immolé début mai devant l’hôpital général de référence de Gemena, dans l’ouest de la RDC. Il réclamait sa prime de risques de 38 000 francs congolais, environ 38 euros. C’était son seul revenu, n’ayant pas le statut de salarié dans cet établissement public où il travaillait pourtant depuis 29 ans !
À quelques centaines de kilomètres au sud-ouest de Gemena, Gloria* a accepté de nous « ouvrir » son portefeuille. Infirmière depuis 2004 dans un centre hospitalier privé, situé au cœur de la ville de Kinshasa, cette mère de famille – elle a trois enfants – a bien du mal à joindre les deux bouts. En cause : le « salaire insignifiant » qui lui est versé tous les mois.
« Plus d’une fois l’idée de démissionner m’a déjà traversé l’esprit, confie-t-elle. Après 11 ans de travail, lorsque votre paie ne vous permet pas de vivre décemment, vous avez une seule envie : tout laisser tomber ! » Chaque mois, Gloria touche 111 090 francs congolais, soit 111 euros. « À ce salaire mensuel de base s’ajoutent une indemnité de logement équivalant à 33 euros, une prime de transport de 52 euros et une autre prime non spécifiée de 2 euros », précise-t-elle, yeux fixés sur les lignes de son bulletin de paie. Ce qui lui fait un revenu mensuel de 198 euros. Mieux lotie que d’autres dans un pays où le salaire mensuel moyen dépasse légèrement les 30 euros selon la Banque mondiale, il lui faut malgré tout batailler pour faire face au coût de la vie.
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« Si j’étais seule, avec trois enfants à charge, ce salaire de misère ne m’aurait pas permis de survivre. C’est mon époux qui pourvoit à l’essentiel de nos besoins », reconnaît cette femme de 44 ans, mariée à un employé d’une ONG locale de développement. « Comment aurais-je pu, par exemple, payer les frais de scolarité de mon premier fils qui s’élèvent à plus de 400 euros par an ? », interroge-t-elle.
Si son mari prend en charge les frais de scolarité des enfants et le loyer de plus de 90 euros par mois – la famille vit dans un trois pièces dans le sud de Kinshasa -, Gloria se charge des provisions alimentaires pour le foyer. « Chaque mois, je fais le plein de fufu [farine de maïs et/ou de manioc], d’huile végétale et de haricots », explique-t-elle, précisant que « cela [lui] coûte mensuellement plus de 60 euros ».

Transports : 42 euros par mois

Résidant dans une commune très excentrée du centre-ville, notre infirmière doit effectuer chaque jour deux correspondances de bus pour se rendre sur son lieu de travail.
Gloria débourse en effet tous les mois quelque 42 euros pour le transport. « Je me lève tous les matins à 5 heures 30 pour m’occuper des enfants avant leur départ à l’école », explique-t-elle. « Mais les routes sont en mauvais état et je ne parviens jamais à être à l’heure au travail », déplore-t-elle.
« Pour ces retards réguliers au travail, j’ai déjà reçu plusieurs avertissements », poursuit-elle. Des remontrances qui lui restent en travers de la gorge. « Un jour, je finirai par rendre mon tablier et changer de métier », jure celle qui a grandi dans l’ex-province de Bandundu, dans l’ouest de la RDC. « Je retournerai dans mon village natal pour m’occuper des champs. Je crois qu’en tant que paysanne, je gagnerai mieux ma vie qu’en tant qu’infirmière dans la capitale », espère-t-elle.

Épargne informelle : 27 euros

En attendant, c’est à Kinshasa que Gloria se bat pour réaliser ses petits projets. « D’ici la fin de l’année, je voudrais acheter une machine à laver pour la famille », confie-t-elle. Mais l’appareil électroménager coûte environ 136 euros. Plus de 2/3 de son salaire mensuel.
« Comme c’est impossible de sacrifier les autres dépenses pour me la payer, je participe depuis le début de l’année, avec neuf autres collègues, à une sorte de tontine : chaque mois et de manière rotative, chacun d’entre nous verse 27 euros à un membre du groupe. Ce dernier encaisse ainsi d’un coup 270 euros », explique Gloria qui attend son tour à la fin du mois d’octobre.

Assistance familiale et « imprévus » : 65 euros

Tous les mois, Gloria s’efforce également de ne pas tout dépenser. Elle garde toujours sur elle une soixante d’euros pour des « imprévus » qui sont principalement consacrés à la santé des enfants. « Mon mari est souvent en mission en dehors de la ville de Kinshasa. Pendant son absence, si un enfant tombe malade, je dois être en mesure de lui acheter quelques médicaments en urgence ou de le conduire à l’hôpital, s’il le faut », se justifie-t-elle.
Une fois tous les trois mois, elle essaye également d’envoyer « quelque chose » à ses parents restés en province. « C’est ma plus grande peine : ne pas pouvoir aider financièrement ma mère et mon père alors qu’ils ont tout sacrifié pour me payer des études quand j’étais jeune », affirme-t-elle.
« J’en souffre encore davantage lorsque mes oncles et tantes considèrent que je ne m’occupe pas de mes parents alors que, selon eux, j’ai réussi dans la vie parce que je travaille et vis à Kinshasa », ajoute-t-elle. Qu’à cela ne tienne, Gloria n’oublie jamais d’envoyer environ 10 euros « chaque trimestre » à son père et à sa mère, tous les deux retraités. « C’est triste mais c’est tout ce que je peux faire », lâche-t-elle, soulignant qu’elle-même ne s’autorise pas à acheter de nouveaux pagnes avec son salaire.
Taux de conversion établi à 1 euro pour 1000 francs congolais le 11 août 2015.

*À la demande de l’intéressée, son prénom a été modifié.

Source: Jeune Afrique

mercredi 26 août 2015

Cinéma : Pierce Brosnan plaide pour un James Bond noir et pense à Idris Elba

L'idée de voir un jour un James Bond noir sur grand écran fait son chemin. Pierce Brosnan, ancien agent 007, vient de faire savoir qu'il y était favorable. À l'inverse de son prédécesseurs, Roger Moore... En Grande-Bretagne, le débat fait rage !
Les propos de Pierce Brosnan, qui a dans le passé revêtu le costume de James Bond, font grand bruit. « Oui. Pourquoi pas ? », a répondu l’acteur au magazine masculin Details [interview en anglais], qui lui demandait s’il pouvait imaginer un James Bond gay. Avant d’ajouter : « Je ne pense pas que (la productrice de James Bond) Barbara (Broccoli) autorisera un Bond homosexuel de son vivant. Mais ce serait intéressant à voir. »
« Commençons par un grand acteur noir »
Si l’ancien 007 se montre favorable à un James Bond homosexuel, Pierce Brosnan est en revanche beaucoup plus enthousiaste pour que l’espion britannique soit un jour campé par un comédien noir. « Commençons par un grand acteur noir pour incarner James Bond. Idris Elba en a certainement le physique, le charisme et la présence », a-t-il déclaré. Idris Elba 42 ans, est en effet cité pour succéder à Daniel Craig, qui porte le costume de l’agent britannique depuis dix ans.
Idris Elba, né d’un père sierra-léonais et d’une mère ghanéenne, est connu pour avoir incarné l’ancien président sud-africain Nelson Mandela dans le film Mandela : un long chemin vers la liberté. Il s’est également illustré dans la série Luther., et sera bientôt à l’écran dans Beasts Of No Nation.
Idriss Elba pas assez « anglais-anglais » ?
Récemment, c’est un autre ancien interprète de l’agent 007,  l’acteur Roger Moore, qui avait provoqué la polémique après des propos taxés de racistes au sujet du prochain Bond noir. «Bien que James (Bond) ait été incarné par un Écossais, un Gallois et un Irlandais, je pense qu’il devrait être anglais-anglais», avait-t-il affirmé, cité par l’hebdomadaire français Paris Match.
Le comédien de 87 ans, qui a incarné l’agent 007 dans sept films de 1973 à 1985, avait ensuite affirmé que ses propos avaient été coupés lors de la traduction. «Une interview donnée à Paris Match laisse entendre que j’ai tenu des propos racistes à l’encontre d’Idris Elba. C’est tout simplement faux», a affirmé l’acteur sur Twitter.
Le nom d’Idris Elba circule depuis quelques années pour incarner le prochain James Bond, relançant à chaque fois le débat sur la possibilité de voir un jour un acteur noir incarner l’agent britannique. Une polémique qui agace et inquiète le principal intéressé. « Je ne veux pas seulement être le « James Bond noir » », expliquait-il en septembre 2011, déjà pressenti pour endosser le costume de l’agent double. « Sean Connery n’était pas le James Bond écossais, et Daniel Craig n’était pas le James Bond aux yeux bleus. Donc si je joue le rôle, je ne veux pas être catalogué comme le James Bond noir », poursuivait-il dans une interview accordée à NPR.
Selon l’auteur des aventures de Bond, Ian Fleming, l’agent secret est le fils d’un Écossais et d’une Suisse. Devenu orphelin à 11 ans, James Bond a vécu avec sa tante dans le sud-est de l’Angleterre et étudié à Édimbourg, en Écosse.
Source: Jeune Afrique

Un Airbus de Congo Airways bloqué à Dublin, Kinshasa évoque des « subterfuges de fonds vautours »

Sur décision de la justice irlandaise, un Airbus A320 de Congo Airways, nouvelle compagnie aérienne nationale de la RDC, reste bloqué à l'aéroport de Dublin. Les autorités congolaises n'excluent pas l'hypothèse des « fonds vautours ».
La Haute Cour irlandaise a décidé, le 21 août, de clouer au sol un Airbus A320 de la compagnie aérienne nationale Congo Airways qui se trouvait en entretien à l’aéroport de Dublin, avant un départ pour Kinshasa prévu le 25 août.
La juridiction irlandaise a été saisie le 19 août par la société américaine Miminco LLC et par deux Américains, John Dormer Tyson et Ilunga Jean Mukendi – ce dernier est Congolais d’origine. En cause : une créance d’État impayée de 10 millions d’euros.
Litige
L’affaire remonte à 2007. Selon les plaignants la RDC avait accepté de leur verser 11,4 millions de dollars (10,1 millions d’euros) à la suite d’une procédure arbitrale – conduite devant le CIRDI – sur un litige autour de deux mines de diamant achetées sur le territoire congolais. Mais Kinshasa n’aurait payé jusqu’ici que 1,3 millions d’euros, d’où la demande de saisie de l’Airbus A320 de Congo Airways. « La compagnie aérienne est détenue et financée par le gouvernement de la RDC, l’avion est donc un patrimoine de l’État », a expliqué l’un des avocats des plaignants cité par la presse irlandaise.
L’injonction de la Haute Cour de l’Irlande est temporaire et a été prise à titre préventif. La justice irlandaise devrait se prononcer sur le fonds de l’affaire à partir de début septembre.
Sur Twitter, le Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo s’est montré rassurant, ce lundi 24 août, promettant que l’Airbus A320 de Congo Airways « arrivera à Kinshasa », sans donner plus de précision. De leur côté, les plaignants espèrent la nomination d’un administrateur-séquestre et la vente de l’appareil afin de recouvrer les 10 millions d’euros qu’ils réclament.
Fonds vautours
À Kinshasa, une réunion du collège des stratégies et prospectives économiques du cabinet du Premier ministre a été convoquée ce lundi pour « examiner le dossier ».
« Il n’est pas exclu que nous nous trouvions là face à des subterfuges de fonds vautours, à l’instar de l’affaire Gécamines », a confié à Jeune Afrique un proche de Matata Ponyo, en allusion à la bataille judiciaire de quatre ans menée (et perdue) contre la compagnie minière nationale par le fonds américain FG Hemisphere.
Héros
Congo Airways a réceptionné en juillet dernier le premier des deux Airbus A320 acquis auprès du transporteur italien Alitalia pour 44 millions d’euros. Baptisé « Patrice-Emery Lumumba », en hommage au héros de la lutte pour l’indépendance du pays, il a atterri fin juillet à l’aéroport de N’Djili en provenance de Dublin.

Source: Jeune Afrique

mercredi 19 août 2015

Ali Bongo Ondimba promet de donner son héritage à la jeunesse du Gabon.

Le président gabonais, Ali Bongo Odimba, a annoncé lundi soir, lors d’un discours prononcé à l’occasion du 55e anniversaire de l’Indépendance, qu'il avait décidé de donner "toute sa part de l'héritage" de son père Omar Bongo Ondimba, décédé en 2009, "à la jeunesse gabonaise".
« J’ai décidé avec le plein accord de mon épouse Sylvia Bongo Ondimba et de mes enfants que ma part d’héritage sera partagée avec toute la jeunesse gabonaise, car à mes yeux nous sommes tous les héritiers d’Omar Bongo Ondimba », a déclaré lundi 17 août le président gabonais.
« Cela veut concrètement dire que tous les revenus tirés de la part d’héritage qui me revient seront versés à une fondation pour la jeunesse et l’éducation. Car tout le monde sait, et je le redis, que cette jeunesse était sacrée aux yeux du président Omar Bongo », a-t-il poursuivi.
Propriétés familiales
Ali Bongo Ondimba a ensuite annoncé « au nom des enfants » d’Omar Bongo qu’une propriété familiale située à Libreville, près du camp de Gaulle serait cédée à l’État et dévolue à l’implantation d’une Université.
Il a également annoncé que ses frères et soeurs « allaient céder à l’État pour le franc symbolique deux propriétés en France ayant appartenu à Omar Bongo Ondimba. Il s’agit de deux hôtels particuliers, situés rue de la Baume dans le VIIIème arrondissement pour l’un, et rue Edmond Valentin dans le VIIème arrondissement de Paris, pour l’autre. »
« Ces biens immobiliers, qui feront désormais partie du patrimoine de l’Etat gabonais seront affectés à un usage diplomatique et culturel », a précisé le président.
Enquête des biens mal acquis
« Ceux qui ont eu la chance de bénéficier du soutien de leurs parents ou de l’État doivent à leur tour faire preuve de générosité, de solidarité, surtout dans les moments difficiles », a-t-il poursuivi avant de conclure: « Je sais que mon père, de là où il se trouve, nous regarde et nous entend. Je sais aussi qu’il approuve cette décision et qu’il nous accorde toute sa bénédiction ».
La succession d’Omar Bongo, décédé en 2009, et qui compte 53 héritiers déclarés, n’est pas encore réglée. Les contours de l’héritage sont encore mal cernés, mais les actifs identifiés se monteraient déjà à plusieurs centaines de millions d’euros.
Source: Jeune Afrique

RDC : campagne choc de l’ONU pour sensibiliser les Casques Bleus aux violences sexuelles


La campagne de prévention lancée lundi sur internet vise à rappeler la "tolérance zéro pour le personnel civil et militaire des Nations unies" lorsque des violences sexuelles sont commises, indique le site de la Monusco.
Dans le cadre de cette initiative, la mission de l’ONU en RDC (Monusco) a publié lundi 17 août plusieurs photos chocs. L’une d’elles montre une jeune fille en pleurs, le visage caché entre ses mains. Elle est assise sur un lit et, près d’elle, git l’uniforme d’un Casque bleu. « Elle pourrait être votre fille. Pas de relations sexuelles avec les enfants ! », indique la légende.
Une autre photo montre un Casque bleu de dos, torse-nu et derrière des barreaux. « Les relations sexuelles avec les mineurs sont un crime », est-il écrit en blanc, sur fond rouge. Enfin, un cliché présente un préservatif flanqué du sigle de l’ONU. Le message : « Ceci n’est pas un laisser-passer pour la prostitution ».
Interrogée par l’AFP, une source de la Monusco a affirmé que la campagne était « prévue bien avant » l’affaire qui a mené à la démission mercredi dernier du général Babacar Gaye, chef de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) et ancien commandant de la Monusco, et qu’elle s’inscrivait dans le cadre de ses activités régulières de prévention.
Excédés, des internautes invitent la Monusco à « dégager » du pays
Le diplomate sénégalais a quitté son poste après une série d’accusations d’abus sexuels sur des enfants, qui auraient été commis par des Casques bleus en Centrafrique.
La campagne de l’ONU a déjà fait réagir des dizaines d’internautes sur Facebook. « Cette nouvelle campagne de la Monusco contre les violences sexuelles est à saluer », mais il est « dommage qu’il en faille une puisque [l’]ONU, c’est censé protéger et pas agresser », commente Dali Mbala.
Excédés, des internautes invitent la Monusco à « dégager » du pays, estimant qu’elle ne remplit pas correctement sa mission : appuyer l’armée dans l’éradication des dizaines de groupes armés locaux et étrangers qui sévissent dans l’est congolais depuis deux décennies.
La Mission est régulièrement accusée d’agressions sexuelles, notamment sur mineurs. En février 2005, l’ONU a interdit aux Casques bleus d’avoir des relations avec des Congolais après la révélation d’abus sexuels sur des filles de 13 ans.
Source: Jeune Afrique.

MBUTA KAMOKA "ozali nzambe"

La revanche des poupées noires : après les Queens of Africa et Naija Princesses, place à la Sud-Africaine Momppy.


Après les Queens of Africa et les Naija Princesses au Nigeria, une nouvelle marque de poupées noires se développe depuis deux ans en Afrique du Sud : les Momppy. Coup de projecteur sur ces figurines "black" à la conquête du continent et... du monde.
Jadis, la société Mattel avait tenté, sans grands succès, de commercialiser la Barbie noire. Aujourd’hui, c’est désormais sur le continent que les initiatives naissent pour tenter de combler le vide, en proposant sur le marché des poupées noires inspirées de l’histoire et de la culture africaines.
Le Nigérian Taofick Okoya est considéré comme l’un des pionniers en la matière. Sa marque de poupées, les Queens of Africa (les reines d’Afrique), a été lancée en 2007.
Quelque 6 000 à 9 000 poupées, conceptualisées au Nigeria et assemblées en Chine, sont vendues chaque mois dans le pays et à travers le monde via une boutique en ligne pour satisfaire les nombreuses demandes qui viennent des États-Unis, du Brésil, d’Europe, d’Afrique du Sud et de la Côte d’Ivoire, selon l’entrepreneur nigérian de 43 ans.


Je vends aussi des valeurs culturelles »
« Mes poupées ne sont pas simplement des figurines en plastique. Je ne vends pas uniquement des jouets, je vends aussi des valeurs culturelles », expliquait-il à Jeune Afrique l’année dernière. Pour Taofick Okoya, ses Queens of Africa représentent en effet « le miroir de l’histoire » du continent. D’autant qu’elles sont fabriquées « à l’effigie de grandes femmes africaines ». Les parcours de celles-ci sont également relatés dans des livres pour enfants vendus par la société de Taofick Okoya.

DR


À côté de ces Queens of Africa, Taofick Okoya commercialise un autre modèle de poupées, les Naija princesses. Des figurines noires à un prix abordable – 1 000 nairas, soit environ 5 euros – qui s’écoulent surtout sur les marchés locaux. De quoi inspirer d’autres entrepreneurs sur le continent.

« Momppy Mpoppy », poupée noire sud-africaine
En Afrique du Sud par exemple, depuis 2013, Maite Makgoba a lancé « Momppy Mpoppy », entendez « poupée noire » en sotho, l’une des langues sud-africaines. La jeune entrepreneure de 26 ans ne supportait plus de voir sur le marché sud-africain des figurines « black » mal fichues, « pas séduisantes du tout » et souvent « en costumes traditionnels ». Ce qui « n’est plus la réalité d’aujourd’hui », explique-t-elle à l’AFP.
La Momppy Mpoppy se veut un reflet de la beauté de la femme africaine pour aider les enfants à en être fiers. « Nous sommes en train de créer une conscience : notre peau et nos cheveux afros sont beaux comme ils sont », affirme-t-elle.


À l’instar des Queens of Africa conceptualisées au Nigeria mais produites en Chine, les poupées de Maite Makgoba, sont également assemblées dans l’Empire du milieu avant d’être habillées et empaquetées à Johannesburg. Elles sont vendues pour une somme équivalente à 13 euros en Afrique du Sud.
Contrairement à Taofick Okoya, Maite Makgoba ne publie pas de livres pour accompagner son offre. À la place, son atelier produit les vêtements des « Momppy Mpoppy » en taille enfant pour permettre aux petites filles de s’habiller comme leur poupée. « Nous voulons que les enfants voient la beauté en Mpoppy, et qu’elles se voient elles-mêmes lorsqu’elles jouent avec elle », commente la créatrice.

Rivaliser avec les figurines historiques (et blanches) de Barbie
Mais le combat est loin d’être gagné. Sur le marché africain des poupées, les Queens Africa, les Momppy Mpoppy ou les Naija princesses sont encore loin d’être les reines. Il leur faut en effet rivaliser avec les figurines historiques (et blanches) de Barbie.
« Même en Afrique du Sud où la majorité de la population est noire, les poupées sont souvent blanches et les gens célèbres dans les magazines sont blancs », concède Maite Makgoba. Conséquence : « Les enfants noirs grandissent dans un monde qui ne les représente pas », selon l’entrepreneure sud-africaine. « Tout est biaisé au bénéfice des Blancs », dénonce-t-elle. Mais Maite Makgoba reste déterminée dans sa démarche : « Les parents et les enfants ont vite adopté notre poupée. Mais nous devons encore convaincre les grandes marques et les enseignes. »
Même son de cloche ou presque du côté de Taofick Okoya. Avec le succès de ses Queens Africa, l’entrepreneur nigérian rêve en grand, caressant désormais un ambitieux objectif. Celui d' »[atteindre] chaque enfant d’origine africaine à travers le monde » pour devenir un « symbole de fierté en leur faisant apprécier ce qu’ils sont, en tant qu’Africain. »
Avant d’aller à la conquête du monde, Taofick Okaya voudrait offrir à ses poupées une apparence distincte de celle imposée dans les magazines de mode. Aujourd’hui, les « Queens Africa » sont encore minces pour répondre à ce diktat et surtout parce que les premiers modèles de ces « Reines d’Afrique, plus charnus comme la plupart des femmes africaines, avaient été boudées par les enfants, habitués à jouer aux figurines taille mannequin… « Mais une fois que la marque sera installée, on pourra refaire des poupées plus grosses », promet Taofick Okaya.

Source: Jeune Afrique 

mardi 18 août 2015

Série : au cœur des secrets des palais africains




Mystérieuses, objets de crainte et de fantasmes, les résidences des chefs d'État et ce qui font leurs locataires ne laissent personne indifférent. Premier article d'une série en 15 épisodes.
En Afrique plus qu’ailleurs sans doute, les palais présidentiels – a fortiori royaux et multiples comme au Maroc – sont, dans l’imaginaire collectif, des cités interdites. Lieux de puissance fantasmée, objets de craintes et de désirs inavoués, matrices fécondes de rumeurs et de secrets en tous genres, usines à bobards certifiés authentiques, cases à fétiches sorciers…
À l’abri des grilles, des murs épais et des gardes prétoriennes se joue une comédie du pouvoir dont le peuple ne sait rien ou presque mais qu’il imagine à la fois luxueuse et chaotique, peuplée de serviteurs zélés et de femmes jalouses, de boudoirs galants et de cabinets noirs, sous la houlette d’un maître des lieux aussi paranoïaque qu’irascible.
Produits de l’opacité qui entoure encore l’exercice de l’autorité suprême sur le continent, ces clichés ne sont pas sans fondement. Un Mobutu, un Bongo Ondimba, un Houphouët-Boigny, un Hassan II, un Kadhafi ou un Eyadéma avaient parfaitement intégré dans leur système de gouvernance ce mélange d’attraction et de répulsion nimbé de mystère que représentent les palais. Bien rares étaient ceux qui, convoqués pour une audience, s’y rendaient sans une certaine angoisse.
Le minimum, pour un nouvel arrivant, est de faire « déminer » les lieux : ôter objets, poudres, masques et bric-à-brac suspect.
À cette époque pas si lointaine, radiotrottoir et radiocouloir, sa consœur cravatée, étaient friandes d’histoires de disparitions inexpliquées, de pièces secrètes et de prisons souterraines où s’abîmaient pour toujours les visiteurs attirés dans le piège de l’ogre suprême. Délires souvent, réalité parfois : de chez Ahmed Sékou Touré, Idi Amin Dada ou Francisco Macias Nguema, de la caserne de Bab al-Aziziya ou du palais du Négus rouge Mengistu Haile Mariam, certains ne sont jamais ressortis vivants.
Charge symbolique des lieux
À ces épicentres de la vie d’une nation est aussi attachée une connotation occulte, voire magique. Le minimum, pour un nouvel arrivant, est de faire « déminer » les lieux, en d’autres termes d’en ôter tout objet, poudre, masque, statuette, tissu et bric-à-brac suspect abandonné par le prédécesseur comme le Petit Poucet de la fable. On nettoie, on change les meubles, mais aussi, souvent, d’adresse.
Le président togolais Faure Gnassingbé n’a jamais travaillé et encore moins habité au palais de Lomé II où régnait son père – trop chargé en symboles. À Brazzaville, où son ombre n’a cessé d’obséder Pascal Lissouba pendant ses cinq années au pouvoir, au point de lire et de relire Machiavel pour tenter de le comprendre, Denis Sassou Nguesso a regagné la résidence du Plateau, qu’il fit construire jadis et dans laquelle son successeur n’osa jamais mettre les pieds. Ce dernier préféra s’aménager des appartements au Palais du peuple tout proche, et l’on se souvient encore des images chocs de ces miliciens hilares posant, après sa fuite, sur le lit de sa chambre à coucher au milieu d’un capharnaüm de documents. Une sorte de viol postpouvoir qu’eut également à subir le Centrafricain François Bozizé lors de la chute du palais de la Renaissance à Bangui. Le cauchemar de tout président.
Changer de palais
Se faire construire un nouveau palais, comme Idriss Déby Itno, Faure Gnassingbé ou encore Ismaïl Omar Guelleh, c’est aussi rompre symboliquement avec une partie de son propre passé, tourner une page et éventuellement conclure un nouveau bail avec ses concitoyens. Si, aujourd’hui, la plupart des chimères qui les entouraient ont fini par se dissiper et si leurs locataires sont de moins en moins rares à comprendre qu’ils n’en sont pas les propriétaires, l’essentiel demeure de l’étrange pouvoir de fascination qu’exercent les palais sur le commun des mortels.
On les convoite, on ne les quitte qu’à regret et ils font toujours autant rêver.
Source: Jeune Afrique 

Mbuta Kamoka Eclipse Masiya

jeudi 13 août 2015

RDC : 300 enfants adoptés légalement par des Français sont bloqués à Kinshasa

Des enfants plongent dans la rivière de Tangala, dans le Sud Kivu en République Démocratique du Congo, le 22 mars 2015. © Federico Scoppa/AFP
Selon un collectif de parents qui réclame le "soutien" de Paris, quelque 300 enfants congolais légalement adoptés par des couples français sont bloqués en RDC à la suite d'un gel des autorisations de sortie décidé en 2013.
« C’est un drame pour les enfants et les parents adoptants. Ce qu’on veut, c’est obtenir le soutien des autorités, organiser un pont humanitaire pour protéger les enfants le temps que cette crise soit réglée. Nous espérons une mobilisation de la classe politique », a expliqué, le 12 août, l’un des membres du collectif regroupant une trentaine de familles adoptantes en RDC.
Depuis le 27 septembre 2013, les autorités congolaises ont décidé de geler les autorisations de sortie des enfants congolais adoptés par des étrangers. Une décision de Direction générale des migrations (DGM) justifiée par des informations selon lesquelles des enfants congolais adoptés dans certains pays auraient été maltraités ou leur adoption transférée à des couples homosexuels alors que la loi congolaise interdit ce dernier cas de figure.
Le collectif des parents espère obtenir le « soutien » de Paris. Mais « jusqu’à présent, le Quai d’Orsay ne veut pas nous recevoir, nous interdit gentiment d’aller sur place et nous renvoie vers nos agences », les organismes autorisés pour l’adoption, précise l’un de ses membres.
Plus de 1000 enfants adoptés restent bloqués en RDC, certains meurent dans des orphelinats bondés
En tout, ce sont environ 1 300 dossiers d’enfants congolais légalement adoptés par des familles françaises, américaines, canadiennes, italiennes, néerlandaises et belges principalement, qui restent bloqués depuis deux ans en RDC. « Certains attendent même depuis quatre ans », selon le collectif alors que ces enfants portent déjà les noms de leurs nouveaux parents.
Nos enfants sont maintenus dans des orphelinats bondés.
« Nos enfants sont maintenus dans des orphelinats bondés qui manquent de tout, où les conditions sanitaires sont très précaires », poursuit le membre du collectif. Récemment, un enfant adopté par un couple français est décédé. « Une dizaine d’enfants sont morts en 2015, pour rien, dans une indifférente quasi-totale », déplore-t-il.
Selon lui, « un conseil des ministres [en RDC], prévu vendredi [14 août], serait censé traiter rapidement les dossiers classés ‘propres' ». D’autres dossiers, selon les autorités congolaises, rencontrent « des problèmes techniques » et d’autres sont considérés « frauduleux ».
« Les familles veulent être réunies. Nous sommes prêts à nous installer en RDC comme l’a fait notamment un couple américain. Les enfants leur ont été confiés mais ne peuvent pas sortir du pays », a-t-il ajouté, rappelant que « François Hollande a transmis en 2014 une lettre au président congolais. Cela a permis de contribuer au départ de huit enfants en septembre », affirme-t-il.
En attendant, le collectif a créé une page Facebook « RDC Adoption », un site internet et un compte Twitter pour continuer son plaidoyer.
Source: Jeune Afrique.

SHILO par GAEL

mercredi 12 août 2015

LE JOURNAL REUTERS CONFIRME QUE LES AMÉRICAINS SONT DERRIÈRE MOISE KATUMBI ET QU’IL SERA CANDIDAT À LA PRÉSIDENCE DE 2016

Dans l’un de ses articles de ce 11 aout 2015,Reuters a déclaré que plusieurs de leurs sources leur ont confirmés que l’ex-gouverneur du Katanga, Moise Katumbi se préparerait pour se présenter aux élections présidentielles de 2016, et qu’il l’annoncerait officiellement dans les prochains mois.
Le décrivant comme l’homme le plus riche, le plus puissant ex-gouverneur du Katanga et président de l’équipe de Football, le Tout-Puissant Mazembe, Reuters a aussi confirmé qu’il serait également entrain d’obtenir de l’aide des meilleures lobbyistes de Washington aux Etats-Unis pour que ces derniers fassent pression afin qu’il y ait un vote ordonnée et pacifique en novembre de l’année prochaine (2016), en République Démocratique du Congo.
Bien qu’ayant été discret sur ses ambitions pour la présidence en 2016 lorsqu’il avait été contacté par Reuters, les journalistes Aaron Ross et Bienvenu-Marie Bakumanya déclarent qu’une source proche de l’ex-gouverneur leur a dit qu’il allait jeter son chapeau dans l’anneau comme un candidat à la présidentielle dans les prochains mois.
“Moise Katumbi déclarera un an avant la date prévue pour le début de la campagne électorale”, a déclaré la source à Reuters sous couvert d’anonymat.
Notons que la campagne électorale présidentielle débutera officiellement le 20 septembre de l’année prochaine.
Joseph Kabila, président actuel de la RDC, dirige ce pays depuis l’assassinat de Laurent Désiré Kabila en 2001, remportant des élections contestées en 2006 et en 2011. La constitution de la RDC stipule qu’il doit quitter l’année prochaine, mais jusque là, Joseph Kabila n’a pas encore déclaré officiellement qu’il quittera ses fonctions ou s’attachera au pouvoir.
Ce manque de transparence a suscité la colère des opposants qui l’accusent de se comporter comme de nombreux présidents des pays africains qui se cramponnent au pouvoir au-delà de leur mandat.
Cependant, le porte-parole du gouvernement a déclaré qu’il respectera la constitution.
Avec une grande base de soutien dans l’ex-province du Katanga et de vastes sommes à sa disposition, Moise Katumbi est considéré par de nombreux analystes comme étant le successeur le plus crédible pour Joseph Kabila. En tant que gouverneur, Moise Katumbi avait été considéré comme la personne qui avait facilité la restauration de l’infrastructure et de soutenir le secteur minier en plein essor, bien que les critiques l’accusent de manquer de vision à long terme et aussi qu’il aurait utilisé les avantages  du bureau pour faire avancer ses propres intérêts commerciaux, a rapporté Reuters.
Traduit et édité par Coralie Kienge
Vac Radio Avec Reuters