Le procès de l'ancien chef de guerre Bosco Ntaganda s'ouvre ce mercredi devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Un rendez-vous judiciaire très attendu en RDC.
Neuf ans après le premier mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre Bosco Ntaganda – c’était en 2006 -, le procès de l’ancien chef de guerre congolais s’ouvre ce mercredi 2 septembre à la Haye.
Qui est Bosco Ntaganda ?
Certaines images valent parfois mille mots. Et le surnom de Bosco Ntaganda – « Terminator » – ne contredit pas l’adage.
L’ancien chef de guerre, né au Rwanda en 1973 au sein d’une famille tutsie de six enfants, fait d’abord ses armes au sein du Front patriotique rwandais (FPR) au début des années 1990. Le militaire prend ensuite le chemin de la RDC, où il sévit au sein d’unekyrielle de groupes rebelles établis dans l’est du pays. Parmi eux, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), qui mènera par la suite Laurent-Désiré Kabila au pouvoir.
Mais c’est en Ituri (nord-est de la RDC) au début des années 2000 que le chef rebelle, alors membre des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), est accusé d’avoir commis ses pires atrocités. Des exactions qui conduisent la CPI à délivrer en 2006 un premier mandat d’arrêt à son encontre. À l’époque, Bosco Ntaganda gravit les échelons d’un autre groupe rebelle, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Et signe au nom de cette rébellion les accords de paix du 23 mars 2009, qui lui valent alors d’être nommé général de l’armée congolaise, malgré les protestations internationales.
Mais la pression s’accroît sur Kinshasa, et Bosco Ntaganda sent le vent tourner. En mai 2012, il déserte l’armée congolaise pour participer au Mouvement du 23 Mars (M23) aux cotés d’un autre mutin, Sultani Makenga. Rapidement, le leadership bicéphale tourne à l’affrontement entre les deux hommes, qui cherchent chacun à prendre le contrôle du M-23. Lâché par ses soutiens et esseulé au terme d’une lutte d’influence sans merci, Bosco Ntaganda s’enfuit vers le Rwanda voisin, soupçonné d’appuyer en sous-main de nombreux groupes rebelles congolais. Le 18 mars, Ntaganda fini par se rendre à l’ambassade américaine à Kigali et demande de lui-même son transfert à la CPI. Une première dans l’histoire de la Cour pénale internationale.
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De quels chefs d’accusation devra-t-il répondre ?
Bosco Ntaganda fait face à 18 chefs d’accusations. Lors ce procès qui devrait s’étaler sur plusieurs mois, l’ancien chef de guerre, désormais âgé de 41 ans, ne sera jugé que pour les exactions commises entre 2002 et 2003 dans la province de l’Ituri par les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), dont il était le chef militaire.
Ntaganda fait face à cinq chefs d’accusation de crimes contre l’humanité, dont ceux de viol et d’esclavage sexuel. Il est notamment accusé d’avoir lui-même violé et réduit en esclavage sexuel des jeunes filles de moins de 15 ans.
Il sera également jugé pour 13 treize chefs d’accusation pour crimes de guerre. Parmi ces charges, figurent celles de meurtre et tentative de meurtre, d’attaque contre des civils, de déplacement de populations civiles ou encore d’enrôlement et d’utilisation d’enfants soldats de moins de quinze ans.
Pourquoi ce procès est-il particulièrement attendu ?
Le procès s’ouvre neuf ans après le premier mandat d’arrêt émis par la CPI en 2006. En mars, certains juges de la CPI avaient recommandé que les déclarations d’ouverture du procès aient lieu à Bunia, capitale de l’Ituri. Objectif : rapprocher la CPI des victimes et des populations affectées. Mais la présidence, arguant des risques sécuritaires et des dépenses liées au déplacement de la Cour, avait finalement rejeté cette option.
Le procès de Bosco Ntaganda, premier haut-gradé de l’armée congolaise à se retrouver sur le banc des accusés, catalyse de fortes attentes. En témoigne le nombre de victimes représentées mercredi. Près de 300 anciens enfants-soldats et 1850 victimes d’attaques, soit quelque 2 150 personnes, ont obtenu le statut de participant au procès.
C’est également la première fois pour la RDC que toutes les charges de crimes sexuels sont retenues par la CPI, fait savoir le secrétaire général de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme pour l’Afrique subsaharienne. « Les violences sexuelles sont enfin prises au sérieux », assure Paul Nsapu Mukulu, qui se prépare à un procès marathon.
Claire RainfroySource: Jeune Afrique
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