mercredi 22 février 2012

Mutuashi Jazz : Me Tshamala dans une ballade à travers différentes sonorités du Kasaï


Les treize chansons du répertoire exécuté  par le flutiste et son groupe Nsumuenu, le 16 février au Centre Wallonie-Bruxelles, ont ravi le public. Avec pour seul instrument traditionnel le ditumba, le groupe a servi un cocktail musical aux couleurs locales. Pour leur concert, les artistes avaient délaissé  à dessein « le tulombo, le xylophone pende et le lokombe tetela, récemment acquis », a déclaré aux « Dépêches de Brazzaville » Me Tshamala. Le flutiste a rassuré qu'il ne s'agissait que d'un choix circonstanciel et d'un « défi-démonstration ». « Cette fois, nous avons voulu jouer notre musique avec des instruments occidentaux. Nous ne voulons pas que les gens croient que jouer de la musique traditionnelle revient à dire qu'il faut le faire à l'aide d'instruments traditionnels. C'est une façon erronée de voir les choses car il est possible de rendre la même musique avec une nuance, c'est vrai. Le son produit à partir du bois est différent de celui rendu par le métal. Le bois non élaboré de chez nous ne rendra pas un son identique à celui de la guitare ou de la flûte », a-t-il souligné. 

Parlant de sa musique qui dérive des rythmes traditionnels, Me Tshamala affirme avoir consenti l'effort de « reprendre et reproduire le peu de la tradition qui nous reste car nous avons perdu et nous continuons de perdre ». Dès lors, son style de prédilection qu'il lui a plu de baptiser « Mutwashi-Jazz » se constitue d'un mélange de rythmes traditionnels luba et de jazz. 

Au regard de son expression artistique, Me  Tshamala se targue d'être l'un des « porte-étendards de la tradition » musicale congolaise, mieux, « ambassadeur de la culture du Congo ». Le flutiste a dit la fierté qu'il éprouve à jouer sa musique sur plusieurs scènes du monde et à l'enseigner. Office qu'il avoue mener avec beaucoup d'entrain à l'instar de Tshala Muana ou de J.B. Mpiana « même si ce dernier, souligne-t-il, chante dans un tshiluba qui n'est plus pareil à l'originel ». Il a ajouté: « Nous faisons en sorte que notre culture ne meure pas mais il est clair qu'elle est tellement riche que je n'ai pas besoin de puiser ailleurs. Tout le travail que j'ai fait sur le mutuashi peut s'appliquer à tous les rythmes du Congo. Donc les codes peuvent rester les mêmes et le résultat est tout aussi satisfaisant ». 

Hommage à Nyunyi

L'hommage à Nyunyi, le second air de la soirée, devait aussi être perçu comme un point d'honneur à la tradition. Pour Me Tshamala, il importait vraiment de lui dédier un titre dans son répertoire. La chanson à son nom demeure pour lui la meilleure des reconnaissances à l'endroit d'un « personnage qui fut très important pour les artistes congolais ». Et il a renchéri: « À la fois chanteur, danseur, instrumentiste et conteur, il a fait profiter à plusieurs de son talent. Tous les artistes vieux et jeunes ont travaillé avec lui. Il a œuvré avec Kabala, Ngeleka, Kandolo, tous les artistes de mon orchestre et même Tshala Muana. Il corrigeait les erreurs à tous les niveaux et a permis de produire des sons corrects. Il nous a aidés à avoir de vrais repères dans notre démarche ». Pour avoir baigné dans la musique de son terroir, Me Tshamala affirme : « Peut-être parce que je la maîtrise le mieux mais à mon avis, la musique du Kasaï est la meilleure du Congo ». 

Nioni Masela
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire